Mpox : généralités

Il s’agit d’une maladie infectieuse virale rare due au virus Mpox (anciennement dénommé Monkeypox), agent de la variole du singe. Les symptômes sont comparables à ceux de la variole mais la maladie est moins sévère et guérit en règle en 2 à 4 semaines.

Épidémiologie

-Début mai 2022, des cas de variole du singe (Mpox) sans lien direct avec un voyage en Afrique du Centre ou de l’Ouest où le virus est présent habituellement, ont été signalés en Europe et dans le monde.

-En juin 2023, environ 89000 cas d’infection par le Monkeypox, dont 147 décès, ont été enregistrés dans le monde dont près de 26000 provenant de 44 pays européens.

https://www.who.int/emergencies/situations/monkeypox-oubreak-2022

– En France, en juin 2023, environ 5000 cas ont été rapportés, dont plus de la moitié en Ile-de-France. Le pic de contaminations a eu lieu fin juin/début juillet 2022. Depuis début juillet 2022 l’incidence des cas a fortement diminué et de très rares cas ont été signalés entre novembre 2022 et avril 2023. Des cas pourraient cependant ne pas recourir aux soins et ne pas être diagnostiqués ni déclarés. La très grande majorité des cas confirmés sont survenus chez des adultes et de sexe masculin (2,6 % sont de sexe féminin). Les cas confirmés adultes ont un âge médian de 36 ans, ont des partenaires sexuels multiples et sont des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes. Parmi les cas confirmés pour lesquels l’information est disponible, 91 (2,2 %) ont été hospitalisés du fait de leur infection par le virus Mpox. Aucun décès n’a été signalé à ce jour en France.

https://www.santepubliquefrance.fr/les-actualites/2023/variole-du-singe-mpox-point-de-situation-en-france-au-27-avril-2023

 Mode de transmission

La transmission interhumaine se produit principalement lors d’un contact prolongé direct physique cutanéo-muqueux avec une personne infectée (tel que relations sexuelles) et par l’intermédiaire d’ inoculation de liquides biologiques.

La transmission en face à face par voie respiratoire :

  • par l’intermédiaire de gouttelettes respiratoires ou par des liquides des lésions cutanées ou des muqueuses
  •  ainsi que par l’intermédiaire des objets que le malade a pu contaminer, comme des vêtements ou du linge de lit,  

est éventuellement possible.

Clinique

C’est une maladie éruptive cutanéo-muqueuse avec des lésions évoluant du stade papule vésicule au stade pustule et croute, accompagnées parfois de fièvre et d’adénopathies et de douleurs notamment en cas de lésions muqueuses.

Le patient est contagieux du début des symptômes jusqu’à la guérison complète des lésions cutanéo-muqueuses.

Le diagnostic est clinique, mais peut être confirmé par la biologie : identification du virus notamment par qPCR ou RT-PCR (réalisée sur prélèvements cutanés, prélevés par écouvillonnage, ou naso-pharyngé en cas de poussée éruptive dans la bouche ou la gorge).

Pour en savoir plus sur la maladie et sa prise en charge :

– le site COREB soignant

– réponse rapide de l’HAS : https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/reco462_reponses_rapides_mpxv.pdf

Gessain A, Nakoune E, Yazdanpanah Y. Monkeypox. N Engl J Med. 2022 Oct 26. https://doi.org/10.1056/nejmra2208860

Protection des personnels

Les mesures de protection des personnels soignants doivent être appliquées dès la suspicion et découlent des modes de transmission– transmission interhumaine directe et indirecte,  contact et respiratoire.

Le soignant qui prend en charge le patient doit prendre les précautions Contact et Air :

  •  SHA et masque FFP2,
  •  Fit check ( qui consiste à vérifier la bonne étanchéité du masque FFP2),
  • Lunettes et gants en cas de contact avec les lésions,
  • Protection de la tenue avec surblouse, 
  • En cas de contact rapproché de type toilette : tablier ou de préférence surblouse étanche, couvrante.

En ligne sur le site de la SF2H  : Monkeypox : Revue de la littérature et recommandations pour les professionnels de santé (2024)

Vaccination

Depuis le 11 juillet 2022, en plus des personnes qui ont eu un contact à risque avec une personne malade, les personnes entrant dans les indications retenues par la HAS peuvent prendre rendez-vous dans les sites spécifiques identifiés par le ministère de la santé pour se faire vacciner sur l’ensemble du territoire :

  • Les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes rapportant des partenaires sexuels multiples,
  • Les personnes trans rapportant des partenaires sexuels multiples,
  • Les travailleurs-ses du sexe,
  • Les professionnels exerçant dans les lieux de consommation sexuelle,
  • La vaccination peut aussi être envisagée au cas par cas pour les professionnels de santé amenés à prendre en charge les personnes malades.

https://www.has-sante.fr/jcms/p_3376314/fr/monkeypox-la-has-complete-ses-recommandations-sur-la-vaccination

Traitement

Les traitements antiviraux spécifiques (tecovirimat, brindicidofovir) sont encore en cours d’évaluation.

 Cas de Mpox acquis en milieu de soins chez le personnel soignant

Une revue de la littérature ( https://www.cambridge.org/core/journals/infection-control-and-hospital-epidemiology/article/monkeypox-transmission-following-exposure-in-healthcare-facilities-in-nonendemic-settings-low-risk-but-limited littérature/98E48E5050C7D97CB2C37CD114F49515) a été réalisée dans les pays non endémiques et avant l’épidémie actuelle de mai 2022. Elle ne retrouvait sur 12 articles entre 2000 et 2022 qu’1 seul cas possible de transmission de la maladie a un soignant probablement en lien avec l’inhalation de matériel infecté provenant de la réfection du lit d’un patient sans masque.

Actuellement (depuis mai 2022), une dizaine de cas1–9 en lien avec une contamination probable et/ou prouvée en milieu de soins ont été rapportés chez les personnels soignants (médecins, internes en médecine et infirmiers), en provenance de différents pays ( USA, Corée, Israël, Allemagne, France, Portugal, Brésil) et sont résumés dans le tableau :

 

Cas de Mpox survenus en 2022/2023 chez le personnel soignant et acquis en milieu de soins rapportés dans la littérature (mise à jour au 1er juillet 2023) .

 

 

 

Ces cas appellent quelques commentaires :

Il s’agit dans la majorité des cas d’un accident d’inoculation percutanée de liquide contaminé, par piqûre du soignant avec un matériel souillé au niveau des doigts de la main. Une contamination par contact avec des surfaces souillées est évoquée pour quelques cas.. La lésion évolue localement au point d’inoculation (macule, papule, vésicule, pustule, ulcération, sur une durée de quelques jours à semaines), souvent accompagnées de signes inflammatoires loco régionaux, lymphangite et signes généraux, mais peu de lésions « à distance » du point d’inoculation.

Pour autant, ces accidents sont potentiellement évitables :

  1. Il est bien spécifié actuellement que la confirmation microbiologique par PCR sur prélèvement de lésions cutanées et/ou muqueuses n’est plus indispensable au diagnostic, lorsque les cas sont possibles ou probables d’après les données cliniques et/ou épidémiologiques.

https://www.cdc.gov/poxvirus/monkeypox/clinicians/prep-collection-specimens.html

https://www.coreb.infectiologie.com/UserFiles/File/monkeypox/20220713-fichemonkeypox-plvts-coreb.pdf

  1. Si toutefois un prélèvement est indiqué, celui-là doit être réalisé avec un écouvillon et il n’est nullement recommandé de prélever les lésions cutanées à l’aide d’une aiguille.

  2. Le système de sécurité d’un matériel piquant doit être activé immédiatement après le geste.

Enfin tout accident d’exposition à un liquide biologique doit être déclaré en accident du travail et doit être évalué par un médecin référent afin d’évaluer la pertinence d’une prophylaxie post exposition (vaccination au mieux dans les 4 jours).

Bibliographie

1. Migaud P, Hosmann K, Drauz D, Mueller M, Haumann J, Stocker H. A case of occupational transmission of mpox. Infection. Published online February 3, 2023. doi:10.1007/s15010-023-01989-x

2. Le Pluart D, Ruyer-Thompson M, Ferré VM, et al. A Healthcare-Associated Infection With Monkeypox Virus of a Healthcare Worker During the 2022 Outbreak. Open Forum Infect Dis. 2022;9(10):ofac520. doi:10.1093/ofid/ofac520

3. Choi Y, Jeon E bi, Kim T, et al. Case Report and Literature Review of Occupational Transmission of Monkeypox Virus to Healthcare Workers, South Korea – Volume 29, Number 5—May 2023 – Emerging Infectious Diseases journal – CDC. doi:10.3201/eid2905.230028

4. Caldas JP, Valdoleiros SR, Rebelo S, Tavares M. Monkeypox after Occupational Needlestick Injury from Pustule – Volume 28, Number 12—December 2022 – Emerging Infectious Diseases journal – CDC. doi:10.3201/eid2812.221374

5. Mendoza R. Monkeypox Virus Infection Resulting from an Occupational Needlestick — Florida, 2022. MMWR Morb Mortal Wkly Rep. 2022;71. doi:10.15585/mmwr.mm7142e2

6. Monkeypox Virus Transmission to Healthcare Worker through Needlestick Injury, Brazil – Volume 28, Number 11—November 2022 – Emerging Infectious Diseases journal – CDC. Accessed June 29, 2023. https://wwwnc.cdc.gov/eid/article/28/11/22-1323_article

7. Safir A, Safir M, Henig O, et al. Nosocomial transmission of MPOX virus to health care workers –an emerging occupational hazard: A case report and review of the literature. Am J Infect Control. Published online February 2, 2023. doi:10.1016/j.ajic.2023.01.006

8. Alarcón J, Kim M, Balanji N, et al. Occupational Monkeypox Virus Transmission to Healthcare Worker, California, USA, 2022 – Volume 29, Number 2—February 2023 – Emerging Infectious Diseases journal – CDC. doi:10.3201/eid2902.221750

9. Salvato RS, Ikeda MLR, Barcellos RB, et al. Possible Occupational Infection of Healthcare Workers with Monkeypox Virus, Brazil – Volume 28, Number 12—December 2022 – Emerging Infectious Diseases journal – CDC. doi:10.3201/eid2812.221343

mise à jour : juillet 23

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